Début juin, j'ai saisi l'opportunité de participer à mon premier Meetup Paris Liberating Structures.

Jusque là, j'avais à chaque fois jeté l'éponge pour diverses raisons et n'avais donc pas participé à l'une des neuf précédentes rencontres.
Pourtant, j'avais rejoint le groupe dès sa création fin février 2015, à l'initiative de Nicolas Stampf et Frédéric de Verville.

Les récents Meetups étant programmés en matinée, cela correspondait beaucoup plus à mes contraintes, et c'est chez Goood! que nous avons donc démarré la matinée.

Liberating Structures : kezako ?

A l'époque de sa création, je n'ai que peu prêté attention à la description et aux liens donnés sur la page Meetup lorsque j'ai reçu un mail de suggestion. Je me suis inscrit au groupe, ainsi qu'à la première rencontre.

J'étais alors sous l'influence de l'effet marketing de tout ce qui se rattache au principe d'entreprise libérée, et j'ai donc fait l'amalgame.
Il m'aura fallu plus d'un an, et cette première participation, pour me rendre compte que cela n'avait aucun rapport. Pour autant, je n'ai pas été déçu et n'ait pas perdu ma matinée.

Sous l'impulsion d'Henri Lipmanowicz et de Keith McCandless, un groupe a formalisé un ensemble de 33 ateliers visant à libérer la parole, les échanges, les énergies, et les idées au sein de groupes de personnes. Cet ensemble a été nommé les Liberating Structures.

En français, on va plus communément parler d'ateliers de facilitation, certains des 33 ateliers recensés sont d'ailleurs connus des agilistes expérimentés (Open Space, Impromptu Networking, Fishbowl).

Il existe un livre dédié à ce sujet, co-écrit par Henri et Keith, intitulé The Surprising Power of Liberating Structures : Simple Rules to Unleash A Culture of Innovation présent la démarche et documentant chaque atelier.

Un site sous licence Creative Commons reprend également la documentation des 33 ateliers ainsi que des témoignages sur les apports et la mise en oeuvre d'ateliers.

La société In Excelsis (société de coaching, formation professionnelle et facilitation d’équipe), dont Frédéric de Verville est le Directeur Général, fait elle leur promotion sur un site francophone.

Après l'arrivée des derniers participants, et une discussion de groupe autour du Fishbowl, nous avons donc pu attaquer la matinée sous la bienveillance de Frédéric de Verville.

Atelier Ice Breaker Impromptu Networking

Etant donné qu'une partie des membres du groupe (nous étions une petite dizaine de mémoire) ne se connaissait pas, Frédéric a proposé un Ice Breaker pour démarrer officiellement la matinée.

C'est donc une légère variante de l'Impromptu Networking (description en français) que nous avons joué, à savoir ...

Sur 3 itérations de 4 minutes :

  • On forme un binôme
  • Chaque membre du binôme prend 2 minutes pour
    • se présenter à l'autre
    • expliquer ce qu'il attend de la matinée
    • partager ce qu'il pense apporter au groupe durant la matinée

Atelier Drawing Together

Après cet atelier de chauffe, place à un atelier un peu plus consistant, j'ai nommé le Drawing Together.

Le but de cet atelier est de libérer le potentiel du non-verbal : exprimer des choses qu'on pourrait avoir du mal à exprimer de façon orale.

La déclinaison de l'atelier proposée a été la suivante ...

  • Réfléchissez individuellement à une problématique que vous rencontrez actuellement (professionnelle, personnelle, autre)
  • Représentez cette problématique avec les (seuls) 5 symboles du Drawing Together
  • Par groupe de 3 personnes, et pour chaque dessin :
    • Laisser le groupe proposer à l'auteur du dessin une ou plusieurs interprétations
    • (Optionnel) L'auteur explique son dessin au groupe

Mais que sont donc ces 5 symboles et quelles sont leur(s) signification(s) ? En voici la définition que j'ai notée lors de l'introduction de l'atelier :

En français, cela peut donner (dans l'ordre) :

  • L'ensemble / la plénitude / l'affirmation de soi
  • Un support
  • Un objectif
  • Un changement
  • La relation

Je vous propose un aperçu des dessins réalisés par le groupe (crédit photo postée par Frédéric de Verville dans le groupe Meetup) pour constater que malgré la restriction à 5 symboles il est possible d'avoir une réelle richesse dans les représentations (couleurs, tailles, orientations, imbrications, etc.)

Voici également mon propre dessin que vous pouvez essayer d'interpréter avant de lire la suite.

Une idée ? Et si je vous dis que le dessin porte sur l'un de mes loisirs, à savoir le running / trail ?

Séance d'explications :

  • J'étais à ce moment en recherche de relations capables de m'apporter un support pour l'atteinte de différents objectifs de difficulté croissante
  • Chacun de ces objectifs me permettent de renforcer / d'améliorer mon équilibre / mon estime de moi
  • Cette progressivité permet d'alimenter un support à un objectif plus global, base d'un changement positif dans mon quotidien et mes relations.

Les objectifs sont évidemment des courses de trail, et les relations sont (de façon non exhaustive) le kiné, l'ostéo, le podologue, le coach.

L'objectif plus global est à mettre en relation avec la Work-Life Fusion dont j'ai déjà parlé lors de l'inauguration du blog, et sur laquelle je reviendrai régulièrement.

L'atelier Drawing Together est un formidable outil pour mettre tous les participants sur un pied d'égalité par rapport à leur talents de dessinateurs, et vous amène à réfléchir d'une façon très différente à votre problématique.
Nous sommes quelques participants à avoir reconnu que le fait de dessiner la problématique a permis d'aller plus loin dans la réflexion, notamment lors de l'enrichissement d'un premier dessin.

On peut ainsi imaginer le cycle suivant :

  • je dessine les éléments que je conceptualise dans ma réflexion
  • j'enrichi mon dessin en me laissant guider par le formalisme et les artefacts disponibles
  • je conceptualise mes enrichissements en les interprétant et réintégrant dans ma réflexion

Bien évidemment, les interprétations des autres participants sont également très enrichissantes car peuvent non seulement vous faire prendre conscience d'une part inconscience de votre réflexion, mais surtout vous apporter une vision complémentaire.

Pour une présentation similaire en français de cet atelier, je vous invite à consulter l'article Se comprendre sans les mots : Drawing Together de Julie Boiveau.

Atelier TRIZ

Pour finir la matinée, Frédéric nous a proposé un atelier TRIZ (description en français).

Le contexte donné par Frédéric était celui de l'organisation d'une journée de facilitation avec 50 personnes.

  1. Prendre chacun individuellement 3' pour identifier les pires choses à faire (ex. laisser le pouvoir se manifester)
  2. Par binôme, échanger sur les idées pendant quelques minutes, avec enrichissement de l'ensemble (ex. avoir un complice dans les participants et l'avouer pendant la journée)
  3. En groupes de 4 personnes, réunir encore les idées, puis les regrouper / structurer sur un paperboard (ex. de thématiques : la préparation, le déroulement, la posture du facilitateur)
  4. Toujours en groupe, identifier dans la liste (les sous-listes) des actions que nous sommes amenés ou risquons de faire, et réflexion sur les mesures préventives qu'on peut être amené à mettre en place (ex. faire relire l'invitation à quelqu'un).

Nous avons été pris par le temps et les contraintes de déjeuner pour mettre en commun le travail des deux groupes et debriefer tous ensemble, mais cet exercice de destruction créatrice est plutôt intéressant à plusieurs égards :

  • c'est amusant
  • cela favorise la dynamique de groupe
  • cela permet d'impliquer les sceptiques sur le sujet étudié
  • c'est un bon exercice pour partager sur des problèmes qu'on se refuse parfois de voir / de s'avouer

Je vous laisse avec les photos de nos travaux :

Bilan

Après avoir été spectateur dubitatif de la discussion ouverte et improvisée autour du Fishbowl et des expériences des présents (discussion non inintéressante, mais en décalage avec les intentions initiales formulées pour la matinée), j'ai pu trouver ma place et passer une agréable et enrichissante matinée.

Avec un groupe à 50% de personnes se présentant comme des professionnels de la facilitation, je ne me suis pour autant pas senti en marge en tant qu'agiliste plutôt familier de la problématique et des enjeux. J'ai eu plaisir à découvrir une nouvelle population et de nouveaux outils.

Cela donne envie de revenir, voire de consacrer un peu de temps à la découverte en solitaire des Liberating Structures.

Je trouve au passage que le choix du format est une très bonne chose vis à vis de l'engagement du groupe et de la fatigue qu'on peut accumuler en fin de journée. On notera que le taux de perte entre inscrits / présents a été bien plus faible que la moyenne qu'on peut observer sur un format soirée.

Le sujet vous intéresse ? Que vous soyez sur Paris ou non (Frédéric organise parfois des ateliers en région), rejoignez le groupe Meetup (Paris) Liberating Structures.