Préambule

Ma 17ème course de l'année était prévue ce week-end à Moncontour en Bretagne, plus précisément mes 17ème et 18ème courses puisque j'étais inscrit au Grand Défi constitué de deux courses : la Cambrousse (33 km) le samedi soir à 17h, le Grand Menestrail (54 km) le dimanche matin à 6h20.

Plus qu'une dernière course ponctuant une année bien remplie, j'ai choisi d'aller à Moncontour car l'une des thématiques envisagée pour 2018 est justement le travail d'enchaînements. Le Grand Défi était donc avant tout un révélateur pour m'aider dans les (derniers) choix de course pour l'année à venir.

Pour me compliquer la tâche, je m'étais aligné le week-end précédent sur le Marathon de La Rochelle où j'ai eu l'occasion d'établir mon nouveau temps référence sur la distance, tout en me préservant sur la fin pour arriver dans un état satisfaisant sur le Menestrail. Je m'étais d'ailleurs amusé à comparer ces deux courses sous l'angle du coût lorsque j'ai réalisé mes inscriptions (le tarif pour La Rochelle étant de 59€50 et non 69€50, contre 29€50 pour le Grand Défi Menestrail).

A ce stade de l'année, et avec 16 courses au compteur, on ne peut plus parler de préparation mais il est utile de regarder dans le rétroviseur pour comprendre dans quel état de forme j'abordais cet ultime rendez-vous de l'année :

  • 30 novembre : reprise (8,5 km)
  • 26 novembre : Marathon de La Rochelle
  • 12 novembre : Trail des Châtaignes (33 km)
  • 1er novembre : reprise (8,5 km)
  • 20 octobre : Mascareignes (65 km)

Episode 1 : La Cambrousse

Tout a commencé en milieu d'après-midi avec mon arrivée à Moncontour où j'ai retrouvé Matthieu qui s'alignait sur un second trail après s'être engagé en septembre sur le trail des légendes de Brocéliande.
Comme j'étais garé dans le centre de Moncontour et que j'ai eu à faire un aller-retour à la voiture, nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour discuter. Deux tours de piste pour élever la température du corps et préparer les articulations, et nous voilà confondus dans la masse de coureurs prêts à en découdre.

La course est lancée à l'heure avec une courte montée, puis après deux bons kilomètres - toujours dans Moncontour - nous arrivons sur un embouteillage en bas d'une montée faite de marches. Ça casse un peu le rythme qu'on reprendra vite à l'issue de la montée puisque ces premiers kilomètres sont relativement roulants et les 95% de chemin annoncés sont vite invalidés.
Sur ce premier tronçon nous amenant au ravito du km 11, je cours prudemment en compagnie de Matthieu en surveillant le cardio pour rester un maximum en aérobie. Aucune véritable difficulté et une bonne mise en jambe pour arriver au ravitaillement frontale allumée après 1h20 de course (8,25 km/h).

Après un court arrêt, je repars suivi de Matthieu pour un second tiers de course où je me suis senti dans un faux rythme et ai tenté de prendre mon propre rythme dans les rares moments où les dépassements étaient possibles. Cette portion a marqué l'arrivée progressive de la boue mais aussi une montée sur un chemin ruisselant d'eau. Je n'ai aucune idée de quand / comment le contact s'est rompu avec Matthieu et ne le reverrai qu'à l'arrivée. Ce tronçon nous amenant au ravito du km 24 (23 à ma montre) en 3h20 de course, soit un rythme consolidé de 6,9 km/h.

Pour le dernier tiers de course, on attaque avec les encouragements de bénévoles et supporters nous suggérant que le plus dur est fait et qu'il n'y a plus que de la descente. Le doute me prend et il se lève quelques minutes plus tard avec une courte montée : non, il reste sans doute quelques difficultés et le profil de course n'est sans doute pas si simple que cela. J'ai donc surtout couru aux sensations tout en ayant pour priorité de garder des forces pour le lendemain, les grosses étendues de boues (je me suis retrouvé avec une jambe enfoncée jusqu'au genou) et les montées la plupart du temps courtes cassant le rythme. Moncontour est en vue, une montée / descente avec corde précède le passage le plus impressionnant promis sur l'affiche : un tunnel avec plafond à 1,50 m et de l'eau jusqu'aux mollets !

Arrivée dans le village, mais un coup d'oeil sur ma montre me permet de comprendre que le parcours ne va pas m'amener directement à l'arrivée ... détour par la forêt et une dernière montée avant de franchir la dernière mare de boue permettant d'accéder au stade, et d'arriver dans le gymnase en un peu plus de 4h57' et après 32,99 km (6,67 km/h) à ma montre (pour 33 km annoncés).

Le temps d'appeler à la maison pour rassurer Ellène, de profiter du ravito de fin de course généreux en jambon et fromage (qui fera d'ailleurs office de maigre repas) et me voilà de retour sur la ligne d'arrivée pour accueillir Matthieu.
Il fait froid, et comme mes affaires sont dans la voiture, nous échangeons quelques mots puis je profite des installations pour me rincer les jambes / laver les chaussures et rejoindre ma voiture garée au centre ville.

Après 20' de route, j'arrive à l'hôtel et peut enfin profiter d'une douche. A 23h30 je suis prêt pour le repos, mais c'est sans compter la bonne nouvelle de la soirée qui me tiendra éveillé une petite heure de plus.

Episode 2 : Le Grand Menestrail

La nuit a été courte et le sommeil léger, je me réveille même avant la sonnerie planifiée à 4h45. A 5h20 je suis à la voiture et reprend la direction de Moncontour pour cette fois me garer un peu plus près de la zone de départ / arrivée. Il y a déjà pas mal de monde, mais il reste encore de la place à 5 bonnes minutes à pied, ce qui me permet d'arriver dans le gymnase peu avant 6h.

Les femmes étant mises à l'honneur, elles sont (déjà) parties avec 40' d'avance sur le départ des hommes, hommes qui restent bien au chaud dans le gymnase jusqu'au dernier moment (là où la veille un bon nombre faisait quelques tours de chauffe sur la piste). Un léger retard nous est annoncé, et c'est finalement à 6h30 que le départ est donnée après un briefing de course insistant sur le terrain gras et la prudence à tenir.

La première portion est sans difficulté majeure, ca descend majoritairement avec quelques remontées dans lesquelles je ne force pas spécialement. Puis au bout de 7 km / 49' de course, un bouchon d'environ 3' se forme à l'entrée de la forêt et d'un single track : on attaque là la vraie dimension du trail. C'est sans doute sur les 5 km (58' pour un cumul d'environ 220 m D+ pour 36 m D-) qui ont suivi que j'ai été le plus attentiste, dans une course d'attente dont la logique consistait donc à attendre le lever du jour pour profiter d'une meilleure visibilité pour augmenter le rythme, mais aussi à se donner davantage à partir du ravito 1 sur un terrain repéré la veille sur la Cambrousse puisque quasiment à l'identique de cette course.

Passé le km 12 lors duquel un bénévole nous a annoncé un ravito (qui n'est était pas / plus un) dans une chapelle, j'ai commencé à prendre un rythme un peu plus ambitieux en vue d'arriver dans un délai raisonnable au ravito que je pensais au km 21 mais qui était annoncé au km 22. Ne connaissant pas la barrière horaire et n'ayant vu / entendu aucune information sur le parcours, je me fie à une logique de moyenne horaire de 6 km ce qui me conforte dans l'idée de ne pas être menacé puisque je passe le km 22 à ma montre en 3h18' (6,67 km/h). Sauf que ... le ravito n'est toujours pas en vue, les relances se font plus difficiles (pourtant j'ai remonté 4 coureurs) et le moral en prend un coup. C'est enfin arrivé au gymnase (km 24, 3h42' à ma montre, soit 6,48 km/h) qu'on m'annonce que la barrière horaire est atteinte depuis plus de dix minutes et qu'il y a déjà eu une dizaine de coureurs arrêtés devant moi.

Fin de course subie des plus frustrantes dans la mesure où je m'étais préservé jusque là sans jamais m'imaginer menacé par la barrière. Je ne suis d'ailleurs pas le seul étonné, ni encore le seul à avoir non pas 22 km à sa montre mais plutôt 24 km, et ce détail change pas mal de chose puisque cette barrière que j'apprend à ce moment (et pour la première fois) être à 3h25' de course correspond (sur la base des 24 km mesurés) à une allure de 7 km/h (là où un coureur me rapporte avoir compris que les barrières horaires sont calées sur une allure de 6 km/h).

C'est d'autant plus frustrant que ma moyenne horaire est à peine inférieure à celle que j'avais sur la Cambrousse la veille, course sur laquelle des participants ont été classés en arrivant plus d'une heure après moi.

Débriefing

Les plus

L'aire de départ (faisant également office d'arrivée) se matérialise par un stade entouré d'une piste. L'accès se fait par l'intermédiaire d'un gymnase qui permet aux coureurs de se protéger, de consommer eau / café avant la course, et le ravito de fin de course se situe dans une tente accolée au gymnase.

La logistique le long de la course est excellente et la signalisation est très fréquente. On rencontre de nombreux bénévoles aux intersections / bifurcations, impossible de se perdre même de nuit. Le balisage est exemplaire : autant quantitatif que qualitatif, je tire mon chapeau car je n'ai jamais vu un tel niveau jusque là.

En matière de ravitaillement, je ne pourrais m'exprimer que sur la Cambrousse pour laquelle j'ai rencontrée des ravitos diversifiés et de bonne qualité, non limité au liquide (comme annoncé) au km 24. Le ravito à l'arrivée est très complet et généreux (plateaux de jambon / fromage notamment). N'étant pas à proprement parler "final" il était évidemment moins abondant pour ceux qui se sont fait comme moi recaler après 24 km de Grand Menestrail.

Je n'en ai pas profité le samedi soir, préférant rentrer rapidement à l'hôtel, mais j'ai pu recourir aux infrastructures mises à disposition pour se doucher dimanche. Il y avait plusieurs endroits et je suis allé pour ma part aux sanitaires du camping se situe près de l'aire de départ / arrivée.
Eau chaude avec pression satisfaisante dans une cabine individuelle : c'est un peu le luxe par rapport à ce qu'on rencontre en général sur les évènements de course à pied.

Pour 29€50 on ne peut vraiment pas se plaindre à la vue de ces quelques points positifs.

En complément, j'ai pu déjeuner pour 10€ le dimanche midi dans un service organisé dans le réfectoire du collège : repas complet au rendez-vous, de quoi reprendre des forces avant de (re)prendre la route.

Les moins

Il y a néanmoins des "mais", à commencer par ce qui touche à la désillusion vécue sur le Grand Menestrail.

Comme je le relevais, nous sommes plusieurs à avoir constaté que la distance jusqu'au ravito 1 du Grand Menestrail se rapprochait plutôt de 24 km que de 22 km. Pour preuve, le relevé Strava du 4ème de la course qui pour une distance totale de 54,5 km se situe à 24 km au ravito 1 (il utilise un montre Suunto alors que j'utilise une Garmin). Cela fait une marge d'erreur de près de 10%, ce qui n'est pas neutre sur la barrière horaire ...

Revenons justement sur cette barrière horaire dont je ne conteste pas l'existence puisque les barrières sont mentionnées sur la page décrivant la course (3 barrières horaires), sur la page du règlement de l'évènement (2 barrières horaires au km 22 et 42) et sur une page intitulée Barrières horaires (barrière horaire 1 au km 22,5 à 9 h 45, etc.) qui est finalement la seule à indiquer la barrière à 9h45 indiquée lors de la mise hors course.
Cette dernière page, je l'ai trouvée après la course au cours de ma démarche d'analyse et compréhension de l'échec. Elle n'est pas référencée explicitement sur le site puisqu'on va la trouver via le menu Blog/actus et que la date de publication de cette actualité s'avère être le 24 novembre 2016 soit en amont de l'édition 2016 du Grand Menestrail qui d'après une autre actualité sur le site a démarré à 6h15.
Bilan : des informations contradictoires, des niveaux d'information hétérogènes, et 5' de temps de course retiré entre 2016 et 2017 puisque la barrière n'a pas bougé alors que le départ a été décalé de 5'.

Les informations le jour J ont du clarifier les choses me direz-vous ? Pour ma part, je n'ai vu aucun affichage sur les horaires des barrières horaires, que ce soit sur la Cambrousse ou le Grand Menestrail. Pire, j'ai pourtant été présent lors du briefing de course et, tant pour la Cambrousse et la Grand Menestrail, je n'ai entendu d'élément de temps donné à l'oral. Je ne peux donc n'être qu'insatisfait lorsqu'on me met hors course en m'indiquant que la barrière avait été communiquée lors du briefing. Dans le doute, mettons qu'elle ait été mentionnée, manifestement le niveau sonore des discussions des participants aurait donc couvert le briefing de course ... un vrai problème si l'information n'est pas définie de manière claire.
Je suis même retourné sur le site gérant les inscriptions pour voir si un règlement avait été mis à disposition, mais rien n'apparait et il m'est donc difficile d'estimer avoir été informé lors de l'inscription des exigences de la course et de barrières horaires claires.

Les défaillances de communication ne s'arrêtent malheureusement pas là, même si les autres sont moins critiques. En effet, que dire du bénévole qui au km 11 nous indique ravito dans la chapelle et notre surprise de voir 2 musiciens et 2 supporters dans la chapelle mais rien qui ne ressemble à un ravito : y'en avait-il un vraiment ? N'y avait-il plus rien pour les "derniers" ? Quoi qu'il en soit, cette indication a pu perturber les coureurs.
Enfin, je n'ai pour ma part que tardivement fouiné sur Facebook pour trouver la page de l'évènement et découvrir les indications sur les parkings. On pourra regretter que ces informations n'aient pas été reprises sur le site de l'évènement et/ou communiquées par mail aux inscrits.

Quand on arrive dans le gymnase le dimanche à 6h et qu'on visualise la course sur le grand écran, on peut notamment s'attendre à ce que les horaires des barrières horaires figurent sur le profil de course au même titre que les ravitaillements.

D'ailleurs, on pourra noter, non sans être étonné, que cette affiche également reprise sur le descriptif en ligne de la course écorche le nom du village qui accueille l'évènement puisqu'il s'agit de Moncontour et non Montcontour.

La communication me paraît définitivement à revoir ...

L'une des surprises, laquelle s'avère autant défavorable aux coureurs qu'aux organisateurs, aura été de constater sur place qu'il n'y avait aucune consigne de prévue. Résultat : il faut être en tenue cible dès la voiture qui peut s'avérer être garée à entre 5 (parking le plus proche) et 15 minutes (centre ville) de l'aire de départ/arrivée. Quand on ne vient pas accompagné, cela signifie un premier trajet depuis la voiture pour récupérer le dossard et la récompense (t-shirt), un second trajet pour se placer sur la zone de départ, et un dernier (?) trajet pour récupérer le sac après l'arrivée et profiter des sanitaires / repas. Autant dire que l'hésitation peut être grande de rester dans la voiture après l'arrivée et de prendre la direction du retour plutôt que de refaire un nième trajet.

C'est d'ailleurs ce que deux coureurs du Menestrail ont fait dimanche, et bien leur a pris car c'est grâce à eux que j'ai pu partir vers 13h puisque ma voiture était bloqué sur le parking : 2 voitures "derrière" (à la perpendiculaire) et un rideau de voitures bouclant la zone (à quelques centimètre près, il y avait de place entre deux voitures pour slalomer dans ce parking pelouse improvisé, mais ca ne passait pas même avec les rétroviseurs pliés).
Cela faisait 15' que je patientais à me demander quand je pourrais prendre la route pour les 480 km de retour, quand par chance le conducteur d'une voiture capable de me libérer est revenu de sa course.
Alors qu'il aurait pu profiter des sanitaires et du repas à 10 euros, il ne s'est pas limité à déplacer sa voiture pour me permettre de sortir, mais a tout simplement pris lui aussi le chemin du retour (sans doute plus court que le mien).

Dernier détail de l'ordre de l'anecdote, il était impossible de réserver le repas du dimanche lors de l'inscription au Grand Défi sur le site utilisé par l'organisation. Après avoir notifié l'organisation de cette impossibilité, il m'aura fallu envoyer un chèque pour me garantir un couvert, sachant que finalement le quota de réservation n'avait pas été atteint le jour J et qu'il était possible d'en profiter sans réservation via un paiement sur place (je n'ai pas vérifié si c'était le même prix).

Conclusion

Je n'ai pas grand chose à me reprocher par rapport à la stratégie de course par étapes et compte-tenu du marathon couru une semaine avant, mais j'en retire que même si l'organisation a très mal communiqué sur les barrières, c'est aussi à moi de chercher l'information ... même si la source peut ne pas être officielle / fiable.

Dans mes tests d'alimentation, je noterai tout de même un gros coup de coeur - sur les 24 km parcourus du Grand Menestrail - pour la Roo'bar Cacao Nibs et la Blaze Trails Beetroot de Tribe. Sur la Cambrousse, j'ai bien aimé également la Roo'bar Chia Coconut.

Je refais ici écho à mon tweet comparatif entre le coût d'inscription au Marathon de La Rochelle et au Grand Défi Menestrail. Si j'ai eu de bonnes surprises sur la qualité du ravito pour les deux courses, il est évident et assez net que le rapport qualité / prix pour le Grand Défi Menestrail est extrêmement compétitif.
Ceci étant dit, je préférerai payer un peu plus pour une meilleure communication et la possibilité de recourir à une consigne pour ses affaires (et non pas retourner à la voiture pour revenir ensuite prendre sa douche).

D'ailleurs mon bilan financier est loin de se limiter aux seuls 29€50 de l'inscription puisque les frais engagés pour ce week-end s'élèvent à plus de 200 € en tenant compte de :

  • frais d'essence : 100 €
  • péage autoroute : 30 €
  • hébergement : 40 €
  • restauration : 30 €

A la question que plusieurs bénévoles ont pu me poser : je ne reviendrais pas en 2018, non pas en lien avec cette expérience assez frustrante, mais tout simplement car j'ai d'autres courses qui m'intéressent sur la même période, et qu'en 2018 ce sera en principe l'Origole sur laquelle je finirais l'année - presque - à domicile.

Ma prochaine course par étape est prévue pour février, et les organisateurs de Glazig ont le mérite d'être clairs et précis dans leur communication des barrières horaires sur le Trail 54K : barrière horaire dans les temps (13h06, au km 30) soit une moyenne de 6 km/h.