Dans la foulée de mon premier trail, j'ai pris le départ de mon premier ultra trail (médium, selon la classification ITRA) en mai 2015 à l'occasion du Trail D'Yonne, sur le 63 km.

Initialement, je m'étais inscrit à cette course afin de préparer l'OCC. Manque de chance, le tirage au sort pour l'OCC ne m'a pas été bénéfique en 2015 (ce n'était que partie remise).

Vous êtes pré-inscrit pour la course OCC.
Compte tenu du nombre trop élevé de demandes d’inscription, nous avons dû faire un tirage au sort et nous sommes au regret de vous annoncer que votre inscription n’a pas été retenue.

L'objectif était de taille puisque je n'avais à mon actif que deux marathons et tout juste l'expérience d'un premier trail deux mois plus tôt. Pour rajouter un peu de piment, le départ de la course était fixé à 15h (le slogan de The Trail est Irez-vous au bout de la nuit ?) : première course avec lampe frontale donc.

The Trail en 2015, réunissant plus de 1 000 trailers et marcheurs, proposait différentes formules à ses participants :

  • du trail le samedi (départ 16h)
    • 18 km
    • 35 km (avec sa variante relais / équipe)
  • de l'ultra trail le samedi (départ 15h)
    • 63 km
    • 85 km (avec sa variante relais / équipe)
    • 110 km
  • de la marche nordique le dimanche (départ 9h)
    • 14 km

La préparation

Ma préparation a en quelque sorte démarré avec l'EcoTrail de Paris le 21 mars, première course de l'année.
Malgré un repos forcé fin mars pour cause d'analyses, une coupure mi avril pour cause de refroidissement, j'aurai quand même pu cumuler 6 sorties depuis l'EcoTrail, dont un 20 km à J-7 et une participation au 10 km du Bois de Boulogne à J-6.

Revue de l'équipement et attente du départ

Voici la liste du matériel qui nous était imposé pour l'édition 63 km :

  • une réserve d'eau de 1L minimum
  • un sifflet
  • un verre eco-cup (fourni par l'organisation)
  • une couverture de survie
  • des réflecteurs dans le dos et sur les bretelles du sac
  • une lampe frontale en bon état de marche avec piles de rechange
  • un téléphone mobile avec une batterie chargée
  • une réserve alimentaire
  • une veste capuche de type coupe-vent permettant de supporter le mauvais temps

Bien évidemment, d'autres éléments étaient conseillés / recommandés, comme des gants et un bonnet par exemple.

J'arbore entre autres :

Mes objectifs

L'objectif est évidemment de franchir un cap, celui de la distance marathon, mais pas que :

  • confirmer mon goût naissant pour le trail
  • confronter mon organisme à des durées d'effort supérieures à 5h
  • valider mes Saucony Xodus 4.0
  • découvrir la course de nuit
  • terminer (évidemment)

Zoom sur le Trail d'Yonne 63 km

Intéressons nous donc à la formule 63 km à laquelle j'ai participé. Cette course propose un dénivelé d'environ 1400 m. Il n'y a cependant pas de difficulté majeure si ce n'est l'accumulation de montées dont certaines correspondant à un dénivelé d'une centaine de mètres.

The Trail est une course relativement jeune (3ème édition) qui démarre et arrive à Sens, dans l'Yonne, et passe dans plusieurs villages en fête pour l'occasion. La proximité à de quoi séduire les franciliens puisque c'est une bonne heure maximum de route. Week-end prolongé oblige, nous sommes donc partis en famille pour l'occasion et avons séjourné deux nuits à Sens, profitant la veille de la course de la Foire de Sens.

Pour 55 € j'ai eu droit à :

  • 6 ravitaillements officiels
  • un gobelet
  • un accès à l'arrivée aux infrastructures du stade pour prendre une douche et se changer
  • la possibilité de voir un podologue à l'arrivée
  • pour 20 € supplémentaires, un polo collector

Ma course de l'intérieur

L'avant course

La course se déroulant le samedi 2 mai, nous avons profité du jour férié pour faire le déplacement dès vendredi et sommes donc arrivés en fin de matinée sur place, à commencer par le Havana Hotel et Résidence où nous disposions d'une chambre Double Confort pour 2 nuits (138 € hors petit-déjeuner) avec un coin cuisine.

Dans l'après-midi, nous avons fait un léger repérage du lieu de départ, puis nous nous sommes laissés tentés par la foire.

Ma préparation n'étant pas assez solide à mon goût, je succombe aux artifices que sont :

  • le plein de glycogène pendant les 3 jours précédant la course, avec une solution buvable composée d'eau et de maltodextrine
  • une grande quantité de soupe la veille au soir
  • la consommation d'un gâteau énergétique GatoSport durant les 3h qui précèdent la course

Première course avec un départ aussi tardif, ce qui laisse certes du temps pour le réveil, la matinée n'en aura pas été moins stressante. Clément est relativement agité, et je dois partir à la recherche de derniers accessoires pour ma course. Evidemment, Décathlon - partenaire de la course - a déjà été dévalisé, ce qui rallonge mon temps de recherche, et je finis par acheter mon dernier accessoire - un porte dossard - sur un stand partenaire lors du retrait du dossard.

Puis vient l'attente. Il est 14h et Clément fatigue. Nous nous laissons divertir par la course des enfants (tour de stade), puis je finis de me préparer et rejoins la zone de départ pour le briefing de course. Heureusement que nous sommes en nombre modéré car les premiers mètres de la course correspondent au chemin le long du stade qui n'est pas des plus larges.

Le temps, couvert mais non pluvieux jusque là, s'invite pour le départ et nous incite à sortir les vestes pendant le briefing.

Une première montée pour sortir de Sens

Une fois le départ lancé (coureurs pour les distances 63, 85, et 110 km) nous passons quelques hectomètres dans les rues de Sens avant d'arriver assez rapidement sur une première montée.

Le genre de montée où il n'y a guère de place pour plus de deux personnes à la fois, elle se fait donc à la queueleuleu et en marchant. Sauf à avoir pris les devants de la course, c'est une bonne façon d'éviter de se mettre dans le rouge dès les premiers kilomètres.

Cette première descente est l'occasion, malgré le temps, de profiter des paysages et de prendre une dose de bonne humeur pour le reste de la course.

Le rythme est pris jusqu'au premier ravitaillement (Collemiers - km 8) où je ne m'arrête que pour envoyer un petit SMS pour indiquer ma position après 65' de course.

A bonne allure jusqu'à Chaumot

J'avance à bonne allure en direction du prochain ravitaillement sur un parcours champêtre. Tout va pour le mieux et c'est un ravitaillement bien fourni qui se présente à nous à Chaumot (km 28) avec entre autres fromage, charcuterie, chocolat.

Ce type de ravitaillement est une première pour moi, je ne m'attendais pas à voir fromage et charcuterie aussi tôt dans la course. Ceci étant dit, ce n'est pas complètement incohérent si on regarde les horaires (presque l'heure du dîner).

Direction Villeneuve sur Yonne pour voir la famille

En repartant du ravitaillement, je discute avec un coureur qui se révèle être francilien comme moi. Il me vante les mérites des courses de Jouy-en-Josas qui se déroule en avril. Je stocke cette information dans un coin de ma tête et nous nous séparons à la rencontre d'un faux plat, chacun prenant son rythme.

On attaque une portion plutôt forestière et dans peu de temps les routes vont se séparer entre coureurs du 63 km et coureurs des distances supérieures. C'est exactement sur ces derniers kilomètres en communs que je retrouve ces oreilles de lapins que j'avais distingué lors du départ, j'ai nommé Emir et Carole : les Lapins Runners. Ils font partie des traileurs engagés sur le 110 km et sont chaussés de chaussures minimalistes (FiveFingers de Vibram). Ca joue dans une autre catégorie !

Les kilomètres défilent, nous sans difficultés techniques du fait de la boue, puis j'arrive à Villeneuve sur Yonne, étape lors de laquelle le lien est à nouveau fait avec le circuit des 85 km et 110 km (bien entendu, Emir et Carole y passeront bien plus tard, et même deux fois).

Le gymnase se fait attendre, et je découvre des coureurs à contre-sens, signe que la course repart dans la même direction après le ravitaillement. Il s'agit donc d'être vigilant et de ne pas se rater, avant comme après le ravitaillement.

Enfin arrivé au ravitaillement (et oui, quand on s'habitue aux chemins on prend beaucoup moins de plaisir sur le pavé / goudron) vers 20h (soit 5h de course pour 35 km) pas de famille à l'horizon.
Ils sont encore en route, donc je prend le temps de me ravitailler et de boire une bonne soupe. Je finis par appeler Ellène et je réalise qu'elle n'est pas tout près et que ca peut encore prendre du temps (rien que de relier l'entrée du stade au gymnase, avec un petit garçon de 20 mois ...).

Je décide donc de repartir après m'être arrêté une bonne vingtaine de minutes, coiffé de ma lampe frontale (éteinte pour l'instant).

En route pour Marsangy et la tombée de la nuit

Je repars donc bredouille pour une portion dont je ne garde pas spécialement de souvenir, si ce n'est qu'il y eu du côté de Rousson un ravitaillement non officiel improvisé.

C'est donc arrivé à Marsangy (km 48) vers 21h30 que j'ai pu profiter de la famille, Clément faisant partie des attractions de la zone de ravitaillement à cette heure tardive, profitant du buffet.

Un petit coup d'oeil sur mes chaussures vous illustrera la nature du terrain, complètement détrempé après plusieurs journées de précipitations.

A 15 km de l'arrivée, tous les feux sont au vert. L'un des objectifs est donc de ne plus rendre de place à un autre participant.

C'est décidé, je vais au bout

D'autres participants ? Je n'en verrais plus beaucoup à vrai dire parmi les quelques points de lumière émise par les frontales qu'on peut voir au loin en se retournant (il faut dire, en parlant de ceux engagés sur le 63 km, que mon arrivée sera séparée de 25' de celle des prochains à arriver, et que je n'aurais pas réussi à rattraper ceux qui m'auront précédé de 7').

La dynamique en partant de Marsangy ne va malheureusement pas durer, la faute à un terrain devenu totalement détrempé. Plus question d'essayer de préserver les pieds de l'eau, c'est devenu un combat perdu d'avance. Le vrai combat est celui d'arriver à poser le pied sur une surface d'appui fiable.

Devant ce terrain difficilement praticable, je me retourne régulièrement pour me rassurer quant à ma progression. Et je vois un petit point de lumière se rapprocher inexorablement, me poussant à lutter contre ce terrain pour ne pas céder de place.
Peine perdue, le coureur finit par me rattraper et me dépasser ... à une allure qui ne peut être celle d'un coureur aligné sur le 63 km. Je constaterai à postériori qu'il s'agissait du second du 85 km sorti du ravitaillement 12 minutes après moi (et arrivé 26 minutes avant moi).

Cette fois le moral en prend un coup et je commence à alterner course et marche, non pas à cause de douleurs physiques, mais à cause d'un terrain rendant la pratique de la course à pied peu agréable (il ne faut pas oublier qu'il fait nuit, ce qui peut accentuer la situation).

La fin de cet épisode boueux et le parcours jusqu'à Gron me permettent de me relancer. Un court arrêt à Gron et c'est parti pour les 6 derniers kilomètres ! Ou peut-être davantage puisqu'on m'annonce que le parcours de fin a été modifié car la dernière montée a été rendu impraticable par le passage des coureurs du 18 et du 35 km.

Ce n'est donc pas l'avant dernière mais la dernière montée que j'attaque peu après la sortie du ravitaillement, montée dans la boue que je n'ai d'autre choix que de faire en marchant avec vigilance.
La descente est plus abordable et m'amène jusqu'à Paron où nous étions déjà passé en début de course.

La suite n'est que longue ligne droite le long de la route reliant Paron à Sens, à croiser quelques voitures m'encourageant à coups de klaxon et à voir quelques spectateurs improvisés finissant leur soirée.

Les derniers mètres arrivent, je passe à côté du parking du stade et entends Ellène me lancer ses derniers encouragements. Mais où est-elle ? Dans la voiture évidemment avec Clément qui dort recouvert d'une couverture dans son siège.

70 ème à l'entrée du ravito de Villeneuve, 64ème en sortie du ravito de Marsangy, je finis 63ème (sur 78 arrivants, 94 partants) sur la ligne d'arrivée en 9h26'08 et 6,68 km/h de moyenne. C'est donc, malgré deux arrêts plutôt longs, une belle remontée que j'ai réalisée sur le dernier tiers de la course. Voilà de quoi atténuer la frustration de ne pas être arrivé avant minuit. Moins de 4 minutes plus tard, c'est le troisième du 85 km qui arrive : j'aurai évité une deuxième situation de dépassement.

Sachant que ma petite famille m'attends sur le parking, je ne m'éternise pas à l'arrivée et les rejoins pour un dernier petit tronçon en voiture afin de retrouver notre logement de l'autre côté de la ville.

Divers

Compte-tenu de la météo, au fur et à mesure de l'avancée de la course il m'est devenu assez difficile d'utiliser mon téléphone du fait de l'humidité.

Comme je l'ai déjà évoqué, cette course a permis la découverte des Lapins Runners que nous (oui, toute la famille) suivons avec plaisir sur les réseaux sociaux depuis.

Vous trouverez d'autres récits de course en ligne :

Bilan

Le bilan est bon. Si je reprends les objectifs :

  • J'apprécie la pratique du trail et pense augmenter la part de trail par rapport aux courses sur route à l'avenir
  • Mon corps ne m'a pas fait trop de misères (des petits bobos classiques néanmoins) même si la digestion d'après course est encore un peu fragile. Il me faut travailler sur les produits que je consomme avant / pendant / après la course.
  • Toujours satisfait de mes Saucony Xodus 4.0 qui m'ont bien accompagné
  • Une première expérience de la course de nuit satisfaisante, même si ce n'est pas forcément très représentatif (cf. boue + rythme de fin de course). Pour autant, il faut saluer le très bon balisage de l'organisation.
  • Je fait partie des 83% de partants qui ont fini la course. Pour une première c'est pleinement satisfaisant même si j'espérai finir en moins de 9h.

Je suis également très content du mental qui m'a animé pendant cette course et a contribué à son bon déroulement. Je découvre que le mental à une part beaucoup plus importante dans la pratique du trail comparée à celle de la course sur route.

Mon statut de finisher me procure également le bénéfice de 3 (nouveaux) points ITRA.
Or, contrairement à l'édition 2015 (pour laquelle le tirage au sort m'a été défavorable), l'édition 2016 de l'OCC nécessitera de justifier un cumul de 3 nouveaux points ITRA en maximum 2 courses pour être éligible. Mon gain du jours me permet donc d'être conforme à cette exigence (ce qui n'était pas le cas avec le seul gain d'1 point via l'EcoTrail de Paris 30 km).

Leçons

Le porte dossard acheté sur place permet d'aisément changer le haut (ou rajouter une couche) sans s'embêter, masquer son dossard et potentiellement devoir le refixer. Néanmoins, les coutures dédiées aux portes gels ont très vite sauté, non pas à cause de gels, mais simplement du fait de l'étirement global de la ceinture. C'est un peu dommage, même si je trouvais les emplacements beaucoup trop petits et peu appropriés à des gels.

Notre choix de logement était pertinent d'un point de vue confort et autonomie pour les repas, mais beaucoup moins concernant la distance avec le lieu de départ / arrivée.
Il n'était pas du tout envisageable pour Ellène / Clément de rallier l'arrivée à pied afin de me laisser la voiture à disposition (et l'inverse n'était pas non plus une option pour moi).
Cela a mis une contrainte forte sur Ellène et Clément qui, malgré que ce soit bien passé, n'est pas à reproduire.