Une famille geek zéro déchet ?
Mes motivations
Mes motivations pour changer notre mode de vie ont aujourd'hui 5 ans et 2 ans. J'éprouve une immense culpabilité de laisser comme héritage à mes enfants une planète dans un tel état. Jeune, on nous apprenait à fermer l'eau du robinet quand on se brossait les dents, éteindre la lumière quand on sortait d'une pièce mais malgré ça notre environnement ne s'améliore pas et c'est même le contraire. Blasée, je pensais qu'à mon échelle je ne pouvais rien y faire que notre sort était tenu par nos dirigeants. Et telle une grenouille dans ma marmite je cuisais tout doucement sans m'en rendre compte.
La révélation
Aimant beaucoup lire, je suis tombée vraiment par hasard sur le livre de Béa Johnson : "Zéro déchet". Au départ, je m'imaginais plus un livre d'astuce en cuisine pour mieux gérer ses restes car j'imaginais que la plus grosse partie des déchets provenait de la nourriture. Et là, je suis tombée dans le terrier du lapin blanc. J'y ai découvert un nouveau monde et son vocabulaire : vrac, lombricomposteur, compost, réutilisation, ressourcerie, économie circulaire ...
Cette lecture m'a redonné foi en moi même et oui je peux agir sur tout ça. Et en approfondissant mes recherches, j'ai découvert la légende du colibri et je me suis dit qu'il était temps aussi pour moi de faire ma part.
Le principe
Il existe la règle des 5R qui, suivie à la lettre, permet de diminuer considérablement ses déchets.
Les premières tentatives
Au début, j'étais un peu seule. Je découvrais le concept et n'avais pas forcément partagé avec le reste de la famille ce nouveau mode de vie. Il fallait déjà que je comprenne ce que je pouvais changer dans nos habitudes sans que cela devienne contraignant. Avec Eric, nous avions vu le reportage Ma vie zéro déchet qui montre un français passer progressivement au zéro déchet en embarquant sa famille, et on voyait déjà un peu mieux ce que l'on pouvait mettre en place. Et c'est à ce moment qu'Eric m'a rejoint dans ce changement. Nous avons testé le rayon vrac de notre magasin bio armé de nos sacs en tissu. Mais cela ne suffisait pas, il fallait vraiment que l'on change nos habitudes :
- stop aux repas à réchauffer du supermarché,
- davantage de fruits et légumes au marché et de produits locaux.
Eric a donc décidé de se renseigner sur les AMAP et les producteurs locaux autour de chez nous et nous avons décidé de tester La Ruche Qui Dit Oui. Eric a donc profité pour s'approvisionner à une ruche près de son lieu de travail, et une ruche a ouvert près de chez peu après son changement professionnel. Par moment, nous nous approvisionnions dans trois ruches différentes (lieu de vie, de travail, de passage).
J'ai offert à notre fils aîné le livre les Zenfants Zéro Déchet et il adore le feuilleter, me demande régulièrement de le lui lire. Il a vite compris que les emballages faisaient des "bobos a la planète".
Les bouteilles d'eau
Nous avons commencé par le plus facile : les bouteilles d'eau. "Les bouteilles d'eau ? Ce n'est pas un déchet si tu les mets au recyclage !" Certes, mais il faut savoir qu'une bouteille plastique ne se recycle pas à l'infini, elle finira un jour en matière polaire au mieux et donc en déchet en toute fin de vie. Le recyclage nécessite également beaucoup d'eau et d'énergie. J'ai donc milité chez nous pour que l'on arrête les bouteilles plastiques. Nos enfants boivent donc l'eau du robinet et nous aussi. Notre deuxième fils ayant été allaité assez longtemps, il n'y a pas eu de questionnement sur quelle eau choisir pour le biberon (bien que j'aurai choisi l'eau du robinet). Quelle facilité cela a été de ne plus transporter ces lourds packs d'eau !
Les essuie-touts
Les essuies-touts sont utilisés pour un oui ou pour un non. On les dégaine assez facilement dans la maison. Une petite tâche par terre, un bébé tout barbouillé de yaourt, un nez qui coule ? Il y a toujours une feuille d'essuie-tout pour ça. Nous avons également beaucoup de jolies serviettes rangés dans un placard, beaucoup de torchons et des couches tissus (qu'on appelle aussi lange). C'est ainsi que nous sommes passées au tout lavable et on s'y fait très bien.
La frustration du démarrage
La difficulté quand on commence (et surtout après la lecture du livre de Béa Johnson) c'est qu'on a l'impression de ne pas avancer. La poubelle devient un ennemi et chaque fois que l'on jette quelque chose, on éprouve une grosse culpabilité.
Alors commençons par remettre les choses dans son contexte : Béa Johnson vit à San Francisco, une ville zéro déchet où une majorité des déchets sont recyclés et compostés. Elle a donc la possibilité grâce au compostage industriel de composter viande et emballages compostables ce que l'on ne peut pas faire dans une composteur de jardin. Elle peut aussi recycler beaucoup de choses que les communautés de communes en France ne gèrent pas. Ce qui aurait pu beaucoup aider quand on se lance dans cette aventure. Il est important de passer outre cette frustration pour se lancer sereinement. Comme pour les régimes minceur, le but n'est pas de se priver et culpabiliser au moindre écart mais de changer durablement ses habitudes par des petits gestes qui cumulés nous font faire de grands pas.
Nos progrès en 3 ans
Nous n'avons pas de mesure précise car nous avons arrêté en cours de route de peser nos poubelles. Et ce n'était pas plus mal car cela risquerait de tourner à l'obsession. Mais nous le ressentons plus dans la qualité de vie que ça nous a apporté. Nous avons arrêté le grand supermarché du coin et privilégié la superette accessible à pied pour nous approvisionner en papier toilette et sac poubelle. Pour le reste, on fait principalement le marché pour les produits frais, le magasin en vrac et le magasin bio pour les produits non périssables.
Mes fails
Malheureusement, tout n'a pas été rose dans ces changements. Je suis passé par quelques échecs, on ne peut pas non plus tout réussir !
Les couches lavables
Un succès avec notre premier mais pas le résultat escompté avec notre deuxième qui a la peau bien plus sensible.
Mon téléphone
Mon super Samsung Galaxy S6 a vu sa batterie gonfler. J'ai donc décidé de le réparer moi-même après avoir rapidement vu le début d'un tutoriel. Il se trouve que sur ces téléphones les batteries sont collés à l'écran. Et en essayant de décoller la façade avant, j'ai abîmé l'écran. Résultat des courses, je dois commander un écran à 160€ si je veux sauver mon téléphone.
Gros fail quand tu veux changer la batterie de ton Samsung S6 et que tu bousilles ton écran #fail #byebyephone 24 octobre 2018
Après quelques semaines de déconnexion, j'ai récupéré le Nexus 4 d'Eric. Celui-ci n'a pas survécu très longtemps à ma maladresse. Ce sont finalement mes parents de passage chez nous qui m'ont offert (d'avance pour Noël) un Fairphone ! Normalement pas de risque avec ce téléphone, je dois pouvoir le réparer toute seule. Et avec l'emballage recyclable et le minimum d'accessoires fourni, je suis déjà séduite.
Mes parents (qui ont du avoir pitié de moi tentant de bricoler le vieux téléphone de @esiber) m'ont offert un fairphone ! Emballage entièrement recyclable, sans câble superflu (mais avec des écouteurs que je n'utiliserai pas) j'adore déjà #mercipapamaman 30 novembre 2018
La couture
Je ne sais pas coudre et n'ai pas vraiment de patience ni de temps pour m'y mettre. J'ai testé les patchs thermocollants mais ça ne tient pas du tout surtout avec des enfants qui se dépensent beaucoup.
Les stop pubs
Tout le monde n'est pas attentif au stop pub, on reçoit encore nombre de pubs dans notre boîte aux lettres. Le problème c'est que ce sont souvent des prestataires qui paient très mal des gens avec de très faibles revenus pour mettre des prospectus dans nos boites aux lettres. Voulant finir au plus vite, ils vident leur stock sans vraiment faire attention au stop pub. Je ne peux pas les blâmer, c'est tout un système à revoir.
Les vêtements d'occasion
Si on respecte les règles décrites au début, il faut donc réutiliser ce qui existe déjà donc privilégier l'occasion que le neuf. Sur les vêtements j'ai encore beaucoup de mal car je n'aime pas faire du shopping de base, donc arpenter les magasins d'occasion pour trouver le vêtement qui convient très peu pour moi. Je n'ai ni la patience ni l'énergie. J'achète donc (mais très peu car garde robe minimaliste oblige) encore du neuf quand un de mes vêtements arrivent en fin de vie.
Mes victoires
Ok, il y a eu quelques échecs mais les succès sont également au rendez-vous.
Réduire, réduire, réduire
Il y a quelques années j'ai pris un super robot multi-fonction qui mixe les soupes, bat les blancs en neige, râpe le fromage et les légumes et plein d'autres choses encore. Et pour autant je ne cuisinais pas plus. La raison était simple chaque utilisation impliquait beaucoup de vaisselle. J'ai donc remplacé ce volumineux outil par un mixer à pied et une râpe à légumes. Il s'est avéré que j'étais beaucoup plus rapide avec la râpe manuelle que le robot à sortir du fond du placard, assembler, faire fonctionner puis démonter pour nettoyage. Il y avait d'autres ustensiles similaires qui ne me servait pas. J'ai beaucoup revendu et donné à Emmaüs et à une ressourcerie et il m'en reste encore à trier. Cela se rapproche beaucoup de la vie minimaliste que je cherche à atteindre, cela me plaît donc d'autant plus.
Le Lombricomposteur puis le composteur de jardin
Finalement on passe au lombricomposteur. Plus qu'à trouver des vers. 31 août 2016
Les fruits et légumes c'est bien mais cela finit malgré tout dans notre poubelle. J'ai donc décidé de prendre un lombricomposteur et d'adopter des verres de terre d'un particulier sur Le Bon Coin. Et c'était parti pour le compostage en appartement. Il nous a permis de réduire pas mal nos déchets. Puis nous avons déménagé pour un pavillon et, suite à une formation organisée par la communauté de commune, nous sommes passé au composteur de jardin.
Le magasin 100% vrac
Première course sans un magasin 100% vrac a nanterre avec @esiber. 8 juillet 2017
Il y a un peu plus d'un an nous avons découvert qu'un magasin en vrac s'est ouvert près de chez nous ! Enfin à 9km près ... et c'était déjà ça ! C'était un plaisir de s'y rendre car nous y sommes bien accueillis par la gérante. Nous nous y approvisionnons pour les aliments secs, huiles, vinaigres et produits d'hygiène et d'entretien. Et j'ai enfin trouvé un shampoing (solide) qui ne m'agresse pas le cuir chevelu.
Faire remplir mes contenants pour le déjeuner si je prend à emporter
Je gagne de plus en plus en assurance et j'ai de moins en moins de gêne à donner mon contenant quand je prend à emporter ou chez le traiteur au marché. J'accepte que l'on me dise non. C'est quelque chose que je souhaite continuer. Il faut juste un peu d'organisation au travail pour avoir un contenant propre à disposition.
Pour le moment, c'est assez simple car je vais chez le même traiteur les jours où je ne ramène pas mon repas. Dans quelques semaines, je travaillerai au centre de Paris, on verra donc si j'arrive à m'affirmer autant si je prend à emporter.
Fini les stocks
Nous avons arrêté de faire du stock et prenons juste ce qu'il nous faut pour la semaine en périssable et pour le mois en non périssable. Cela évite les "oups on n'a pas vu passé la date de péremption de celui-là". D'ailleurs on a très peu de produit avec une date de péremption maintenant car tout vient du marché et que l'on s'efforce de tout manger dans la semaine. Et quand bien même, on a tout consommé, il y a toujours une petite conserve par ci et des pâtes par là pour finir la semaine. Bref, nous n'avons pas encore été pris de cours.
Influencer les autres
Mon comportement fait se questionner certains de mes collègues qui commencent à ramener leur contenant le midi chez le traiteur. Mes parents ont arrêté les essuie-touts et ont décidé d'enterrer leurs peaux de banane au pied de leur plante car ça leur apporte du phosphore. Je suis très touchée par le fait que, sans faire du lobbyisme, mon seul comportement puisse faire changer les autres. Je n'émet aucun jugement car j'ai encore beaucoup à faire pour m'améliorer. Eric réfléchit à 2 fois avant de prendre un goodies en conférence et il rend quand il peut son badge après une conférence comme moi.
Aller encore plus loin ?
Je trouve que c'est une belle expérience que l'on vit là. Nous sommes certes très loin du bocal annuel de Béa Johnson et je ne suis pas sûre que nous y arrivions un jour. Il nous arrive encore d'acheter des yaourts et quelques sachets de pâtes qui finissent dans la poubelle. Et avec le désencombrement (qui avance lentement mais sûrement) nous jetons encore pas mal de choses. Mais nous avons fait de gros changement dans notre mode de vie et j'espère que cela continuera en s'améliorant. J'essaie de partager quelques photos sur mon tout nouveau compte instagram pour inspirer d'autres personnes. Dans les objectifs que je me suis fixés pour la suite :
- Partager mes nouvelles habitudes
- Diminuer notre consommation de viande,
- Réduire l'utilisation de la voiture,
- S'intéresser à la permaculture,
- (Ambitieux mais on peut rêver) Apporter mon aide sur les conférences pour qu'elles puissent réduire leurs déchets.